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26 Apr 2017

"Rilke Zip" sondé (et lu) sur le site critique LittéWeb

By Ahmed Slama In Revue des Revues

Tous on pisse dans un violon

Une revue pas n’importe laquelle de revue, Squeeze, qui compte aujourd’hui une bonne demi-douzaine d’années d’existence, le revue Squeeze ; des nouvelles publiées par thème, un appel à texte lancé quelques mois avant la parution, vous pouvez toujours y tenter la chance de vos textes, le prochain thème, c’est Dylan, ce bon vieux Bob dont la nobelisation en a fait hurler plus d’un, et ça se pâme ensuite à la lecture de Villon, le troubadour vagabond, bref, Squeeze, c’est un bon nombre de nouvelles, originales, variées, exigeantes surtout  à s’y pencher ! L’ensemble des numéros est ici, à télécharger gratuitement, choisissez le format qui vous sied : Pdf, Epub, Mobi,.

Collectif, Pisser dans un violon, Squeeze, 47 p. gratuit, à trouver ici

 

Un numéro de Squeeze donc, choisi un peu au hasard. Le thème ? Pisser dans un violon, n’est-ce pas notre lot à tous, non pas la vanité de tous nos actes, la vie en somme, ce recommencement réveil matin, boulot, ou pas pour les veinards, manger, et puis lit, dormir et ça recommence, pisser dans un violon quoi… et puis on a été sensible, aussi, à la belle couverture du numéro,   signée Camille Maccioni, ce personnage chauve, effilé, qui n’est pas sans nous rappeler un certain Bernier, Professeur Choron pour les intimes, se peignant le… crâne chauve… page suivante, sommaire. On parcourt, des auteurs, des titres, le premier, Rilke Zip, agencement singulier, l’auteur ? Le Golvan. On clique, et nous voici dans la page ;

 

Le nectar Rilkéen

Rilke Zip, un condensé de Rilke peut-être ?

Oui, c’est à peu près ça. En informatique le zip désigne un format permettant la diminution de la taille d’un fichier, grâce la compression, et cela sans perte de qualité. Et cette « compression » de l’Idée Rilkéenne, elle nous est esquissée en à peine douze phrases, douze expériences, avec ce même rythme, ces phrases croquées, vitesse, ne pas s’attarder laisser la signification tracer son chemin. Eco décrivait le texte comme une « machine paresseuse », emplie « d’interstices », « de blancs », cette Idée commue à tout texte, Rilke Zip, en joue, tout y est esquisse ; pointillés…

Dès la première phrase, tout est là « Mettre la tête dans une nuée de moucherons, en apnée légère, et peut-être appréhender ce qu’est l’unité spontanée » oui, c’est un peu ça, cette nuée de « moucherons », les phrases disséminées, esseulées car chaque phrase constitue un paragraphe en soi, des phrases qui forment une totalité autrement dit une « unité » quant à « l’apnée », cette écriture au rythme soutenu qui commence toujours par un syntagme* long, agencement de mots, qui peu à peu s’entrecoupe en approchant du point final. « Remonter les pentes de l’humain en émondeur d’arbre, se souvenir que la littérature souffle d’abord le raccourci, le passage court, avant la caisse, tenter en priorité. » Ici nous retrouvons, grosso modo, l’architecture des phrases de cette prose poétique. Pas de demi mesure, non. Soit une longueur d’onde, 13 syllabes puis 17 syllabes, à la seconde virgule, tout s’étrécit, on hoquette, on passe à quatre, puis quatre, et enfin sept syllabes.

Rilke Zip, clin d’œil aux Cahiers de Malte de… Rilke. Naïveté poétique, toute enveloppée de lyrisme romantique, celui qui admet la scission corps esprit, « le corps sans esprit, juste voler ». Une initiation au poète, retournons-nous vers ce texte aujourd’hui quasi-stéréotypé, mais dans Rilke Zip, il y a ce souffle, ce travail d’évocation, ce retournement du Beau, opéré par Baudelaire ou Rimbaud, on y évoque « la plus grande partouze du sous-continent indeien » ou le comptage « en partant du bas, le nombre exacte de poils de ce corps »… et « en post-scriptum, pisser des violons bien sûr… »

… le mieux, c’est de l’écouter Rilke Zip, là tout en bas de la page, ce texte qui est aussi un un palimpseste, dans le sens où l’entendait Gérard Genette, à savoir la relation hypertextuelle existant entre un ou plusieurs textes, relation implicite ou explicite comme dans le cas qui nous occupe.

Et quoi de mieux, me direz-vous, comme transition, cette histoire palimpseste, le prochain texte auquel nous nous intérresserons étant intitulé… Palimpseste,

07 Oct 2016

Bérânasî dans Eulalie n°22, octobre 2016.

Pour la lenteur, on pense au film de Bernard Giraudeau Les Caprices d’un fleuve. De manière plus précise géographiquement, mais aussi plus lointaine et plus exotique, il y a le film de Jean Renoir, Le fleuve. Mais foin de références. « Le fleuve ici est une femme et s’appelle Gangâ. » Le titre Bérânasî est lui-même un motvalise entre la vision occidentale de Bénarès et le mystère de Vârânasî qui nous échappe. Ils sont six à traîner leurs bagages dans une Inde, rêvée avant le départ, et qui les rattrape au plus intime de chacun. Peu importe en vérité les personnages. Ce qui compte, c’est le fleuve qui infuse, le corps qui brûle, la trace, la blessure qui se réveille sous le scalpel de la touffeur. Bérânasî est un livre que l’on pose, que l’on dépose. On y vient, on y revient. Le livre imprèg ne. On s’y attarde comme à son corps défendant. Le voyage met à nu. Au retour, les personnages, comme le lecteur, restent à vif. « Elle fend de nouveau la foule du Leclerc [...] Elle cherche les corps, les odeurs, rien ne sent malgré la quantité colossale de denrées, la bouffe, les dizaines de morceaux de viande, les abats, les fleurs, le poisson, même le poisson ne s’autorise pas à sentir! Les fleurs encore moins ; le vide est partout! » L’ouvrage est publié aux éditions Sipayat à Aniche (Nord) qui se présentent comme une « plateforme d’édition alternative ». Avec le créateur et directeur de collection Marc Mangin, Nicolas Le Golvan partage une même vision du voyage. Une belle découverte d’écriture.

Hervé Leroy

23 Jul 2016

Psaume des psaumes dans Paysages écrits.

https://sites.google.com/site/revuepaysagesecrits/archives/numero-27/pe27---sd-sur-le-golvan

 

25 May 2016

Dissonances n°30 : Psaume des psaumes.

Lu par David Marsac.

06 May 2016

Recours au Poème : Psaume des psaumes.

 

Fil de lecture sur Guenane, Jacques Josse et Le Golvan

par : Denis Heudré

 

Fil de lecture autour de la micro édition poétique avec trois éditeurs passionnés par leur rôle de passeur de poésie : Yves Perrine pour les éditions La Porte, Julien Bosc pour les éditions le phare du cousseix et Gilles Plazy pour les éditions la Sirène étoilée. Trois éditeurs pour trois auteurs pleins de talents qui méritent d'être découverts, bien que ne figurant pas dans les listes de best seller des librairies.

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Nicolas Le Golvan – Psaume des psaumes

 

Avant d'ouvrir ce livre intitulé Psaume des psaumes, j'appréhende de ne rien y appréhender justement. J'ai peur que ma volonté de me maintenir à l'écart de toute religion me soit un handicap pour apprécier ce nouvel ouvrage publié par les éditions La Sirène étoilée. Mais bon, je suis vite plongé dans la mort d'un David que l'auteur tient à ne pas présenter précisément. Mais avec ce titre on est obligé de penser à ce roi David, présent à la fois dans la la Torah, la Bible et le Coran. Et si la poésie pouvait réunir les trois religions dans une même vision de la mort injuste ? Et si l'amour quel qu'il soit était chanté par tous ?

David le bien aimé est mort. Son amant est partagé entre le désir de rendre hommage
« Comme si on devait aux morts ces égards et ces vers que personne n'a donné aux vivants » et celui de garder le silence  «Et pourquoi donc parler ? / le silence suffit au feu à disposer de toi ». Il veut s'appliquer en choisissant ses mots « David, pauvre toi / je n'ai de poème pour envelopper tes restes ». Des mots de poésie pour ce psaume. Psaume des paumes perdues sans l'Autre, toujours marquées par le souvenir « ton nom écrit désormais dans ma paume, pauvre livre arraché de mes mains qui ne se lavent pas de ton nom ».

Des mots de poésie, quoi de mieux pour rendre les honneurs « les jolis mots qui rendent l'honneur, la beauté à la vie, l'homme pour l'homme ». Des mots de poésie pour dire l'amour au delà de la mort « Je ne suis que l'ombre de mourir à l'ombre de ce reste de toi ».

Réflexion sur la mort aussi  « Assez, David, je vais te dire ce qu'il en est de mourir car la mort est à charge des vivants », « pour l'homme qui meurt la lumière est exacte, l'arbre infatigable » et sur la fragilité des hommes « David, combustible maigre jeté au grand feu des hommes » . Et la religion « un monde fidèle, David? Tu croyais? comment peut-on croire encore? ».

Ce psaume est une bien belle élégie d'amour « au débit de ton nom, David, je n'ai pas démérité », « je garde de toi ce qui n'est écrit dans aucun de tes livres, David » au delà de toute religion et de toute culture.

 

 

 

Nicolas Le Golvan
Psaume des psaumes

éditions La Sirène étoilée
48p, 12€

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08 Mar 2016

Le scalp en feu chronique Psaume des psaumes.

LE SCALP EN FEU - IX

 

 

 

Décembre 2015 / Février 2016

 

 « Poésie Ô lapsus »  Robert Desnos

 

Le Scalp en feu est une chronique irrégulière et intermittente dont le seul sujet, en raison du manque et de l’urgence, est la poésie. Elle ouvre un nombre indéterminé de fenêtres de tir sur le poète et son poème. Selon le temps, l’humeur, les nécessités de l’instant ou du jour, ces fenêtres changeront de forme et de format, mais leur auteur, un cynique sans scrupules, s’engage à ne pas dépasser les dix à douze pages pour l’ensemble de l’édifice.

 

Lecteur, ne sois sûr de rien, sinon de ce que le petit bonhomme, là-haut, ne lèvera jamais son chapeau à ton passage car, fraîchement scalpé, il craint les courants d’air. 

Octobre 2015  à  Mars 2016 – Michel Host

 

 

RECUEILS

 

SOMMAIRE

 

I – LA POÉSIE ou « On ne m’y reprendra plus » ………………… p.2

II – RECUEILS

       Annie DANA  -  Pépins de Cupidon ……………………………… p.4

       Cathy GARCIA  -  Trans(e)fusées  ………………………………. p.4

       Gilles PLAZY -  Ciel renversé    …………………………………… p.5

       Margo OHAYON  -  Poussières  …………………………………… p.6

       Élie-Charles FLAMAND  - Percer l’écorce du jour ………….. p.7

       Basile ROUCHIN  -  Détail d’intérieur  …………………………. p.7

       Anne JULLIEN  -  Terminus 2007, énigmes ………………….. p.8

       LE GOLVAN Nicolas  -  Psaume des Psaumes  ………………. p.9

      

           

      

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LE GOLVAN (Nicolas)  -  Psaume des Psaumes sous-titré : « J’écrirai lorsque, physiquement, les autres n’en auront plus la force… » - Illustrations d’après le manuscrit d’Avranches - Ed. La Sirène étoilée – 45 pp. -  2015  - 12 €.  /  lasirene.etoilee@orange.fr /  lasirene.etoilee.monsite-orange.fr  /  13 Hent Ar Stankennig  -  29910  Tregunc.

Le « psaume » (du grec ‘psalmos’) est amplement présenté en ouverture du recueil. Cet air joué sur le psaltérion, sera accompagné d’un chant religieux. Les « Psaumes de Salomon » en témoignent, avec ceux de « David »… et d’autres personnages bibliques.

Nicolas Le Golvan nous annonce se situer dans un effort ultime, un isolement, et peut-être un recommencement du chant dans un ailleurs… : « … fossile promis / voix chacune tirée au fil / la gueule un soc alors perdu en terre / là derrière / là-dessous mes pieds / de gris / combien d’autres tassés / ici seul en vérité / alors seulement j’écrirai. » David Éloigné de l’abjection… Disparu de cet espace et de ce temps : « David, pauvre toi / Je n’ai pas de poème pour envelopper tes restes / Je n’ai pas ouvert de ces livres linceuls… […] je n’ai rien à te dire, ma mémoire est ici, dans l’abject aujourd’hui où tu es pourtant mort David //  comment peut-on mourir ici ?  /// au dernier crime / tu n’as pas même pensé à te couvrir de jolis mots »  -  Un détachement ?  Un abandon ? Non, ce n’est pas suffisant. Un rejet donc, une exécration… Et pourtant un arrêt sur le Chanteur biblique : « … tu n’es pas matière, David  /  à gloser dans la fumée  /  tu es ma bouche en vie, ma langue humide, un crachat retenu car la soif dans la fumée tu épaissis la morve  //  tout se mange ici  tout moque  /  te cracher ? /  non, David  /  je m’exécute d’abord à ma soif et te tairai »  -  Affrontement ? À travers les temps, les âges ?  En  proximité cependant : « Me pardonneras-tu, David, d’avoir oublié l’amant que tu ferais aussi ? » Le profane est profanateur, en effet : « tant que tes chairs tiendront tant qu’il y en aura / vite l’aimé les pénètre d’un amour combien profane ». – Mise en doute, et en cause, c’est ici encore une affaire de sens et de valeur : « voici ma seule science, en ta déposition, David.  / que valaient tant de livres ? »  -  Une facette supplémentaire de la seule question qui vaille. Conversation poursuivie au bord du gouffre : « tant que je te tiendrai David en distinction nous échangerons nos rangs dans ce sourire de fosse ».  -  Le sentiment qu’on éprouve est d’un chaos en marche, d’une fin de tout s’approchant, d’un inutile effort : « serais-tu mon roi, serais-tu mon frère, l’insecte ou le rat  /  seule ma chaux est prodigue et ne se souvient pas. »  -  Il y aura un vainqueur du combat : « Réglons nos comptes, David […]  si je tope ta main, elle rompt.» -  Mais quoi ?... à la toute fin, le désastre… l’effacement… Le monde de David préfigurait-il le nôtre, d’oubli satisfait et violent, de méconnaissance « mortellement » sûre d’elle-même. C’est mon sentiment. Parmi quels cauchemars naviguent les songes de Nicolas Le Golvan ? Chacun de ses lecteurs aura à se frayer sa voie propre dans ce Psaume infernal :

« Reste ma propre mort, David, elle se sait orpheline et ne t’appartient pas plus qu’aux racines de l’arbre

de nous elle emportera la mémoire au-delà des forêts car je n’ai pas failli dans l’ordre brutal des choses  

souviens-toi longtemps à charge de nous deux car j’ai mieux à chanter que le poème des morts

je ne le connais pas. »

__________________.

 

Michel HOST

_________________________________________________Le 6 / III / 2016

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            

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