Blog
Biblio
Essai
2018 : Pierre Repp, Bégayer, exister, écrire,éd. Sipayat, préface de Dany-Robert Dufour, avec un inédit de Boris Vian, collection «Etudes littéraires et cinématographiques» (ISBN 9782919228287)
Romans
2022 : L'ULYSSE, éd. Sans crispation (ISBN 9782493535023)
2021 : Le vin de Vénus, éd. Sans escale (ISBN 9782491438036)
2020 : Luminol's Band II, éd. Sipayat, «Polar transgenr.e» (ISBN 9782919228362)
2019 : Regarde ton père, éd. Flammarion, collection «Littérature Française» (ISBN 9782081482340)
2017 : 18, éd. Sipayat, collection «Littérature» (ISBN 9782919228256)
2017 : Daghailchįįh, Tu rapporteras à ton père le scalp d'Hitler, éd. Sipayat, collection «Littérature» (ISBN 9782919228188)
2017 : Le G, éd. La P'tite Hélène (ISBN 9782378390006)
2016 : Bérânasî, Entre Bénarès et Vârânasî, éd. Sipayat, collection «Littérature de voyage» (ISBN 9782919228157)
2016 : Luminol's band, éd. Aconitum, «Thriller pondéral» (ISBN 9791096017072)
2012 : Reste l'été, éd. Flammarion, collection «Littérature Française» (ISBN 9782081286689)
2012 : Dachau Arbamafra, éd. Les doigts dans la prose (ISBN 9782953608335)
Nouvelles
2015 : Taravana, éd. L’Échappée Belle, Collection « Pioche » (ISBN 9782919483334)
2013 : 50 Micronouvelles, collectif, texte « Elle a couché avec Kennedy... », éd. Fayard, (ASIN B00C5F9S7Y)
Théâtre
2015 : Alyah, éd. Alna (ISBN 9782849593844)
Poésie
2015 : Psaume des psaumes, éd. La Sirène étoilée (ISBN 9791094617021)
Revues
Dissonances
«Primal», Dissonances no 24 « Le Mal », 2013
«Something's got to give», Dissonances no 27 « Orgasmes », 2014
«Béranasi», Dissonances no 28 « Ailleurs », 2015
«Mausolée», Dissonances no 34 « Traces », 2018
«Repp avec Lacan», Dissonances no 35 « La honte », 2018
«Papavérine», Dissonances no 41 « Opium », 2021
Dissonances critique
*Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour La main de la main de Laura VAZQUEZ
DISSONANCES #39
*Coup-de-coeur de Nicolas LE GOLVAN pour La renouée aux oiseaux de Paola PIGANI
DISSONANCES #40
*Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Matin de lumière de Jasmin LIMANS
DISSONANCES #41
Squeeze
«Huile de rein», Squeeze no 4, 2011
«Jenny Bigoude», Squeeze no 8 « Coin coin le vilain petit canard », 2014 (ASIN B00I8FBZ0I)
«1dg», Squeeze no 10 « Bling-bling », 2015 (ASIN B00VI1XMGE)
«Anthropocène», Squeeze no 11 « Kafkadministration », 2015 (ASIN B013GHBNZO)
«[Sik]», Squeeze hors-série « PAPIER », 2015 (ISBN 9782350822921)
«Rilke Zip», Squeeze no 12 « Pisser dans un violon », 2016 (ASIN B01C17T1M2)
«Al dente», Squeeze no 14 « La roue tourne », 2016 (ASIN B01N09G4OE)
«BOB», Squeeze no 15 « Tonton Bob », 2017 (ASIN B07173QMLJ)
«Ouest-France», Squeeze no 16 « A L'OUEST », 2017 ((ASIN B076VTVCVZ)
«Tada», Squeeze no 18 « Dans le genre », 2019 (ASIN B07NJCML5B)
«Ƭ̵̬̊», Squeeze no 19 « Cellule de crise », 2019
«1dg», Squeeze hors-série « Sacré Numéro», 2019 (ISBN 9791092316186)
La Revue des ressources
«Taravana», La Revue des Ressources, 2011
«Easter Island», La Revue des Ressources, 2011
Éditions de l'Abat-Jour
«Vora», publication sur le site Éditions de l'Abat-Jour, 2015
«Gourde», publication sur le site Éditions de l'Abat-Jour, 2015
«Vivement», publication dans la revue L'Ampoule no 15, 2015
«Préface de Louise Bourgeois», publication dans la revue l'Ampoule no 16, 2015
«Paroles dégelées», publication dans la revue l'Ampoule no 17, 2015
«L2223-3», publication dans la revue l'Ampoule no 18, 2015
«Lascaux du 45», publication dans la revue l'Ampoule no 19, 2016
«La gardienne de zoo», publication dans la revue l'Ampoule no 20, 2016
«Ruhe», publication sur le site Éditions de l'Abat-Jour, 2016
«Myranda», publication sur le site Éditions de l'Abat-Jour, 2016
«O10C», publication dans la revue l'Ampoule no 21, 2016
«Recueil pratique de contre lettres-types à l’adresse du monde éditorial dans son ensemble, en vue de son édification par voie de pénitence» (extrait), publication dans la revue l'Ampoule papier hors-série no 1, 2016 (ISBN 9791090106420)
«Saint Sébastien des Aiguilles», publication dans la revue l'Ampoule papier hors-série no 1, 2016 (ISBN 9791090106420)[6]
«Choses», publication dans la revue l'Ampoule no 22, 2017
«Found poetry», publication dans la revue l'Ampoule no 23, 2017
«ON/OFF», publication dans la revue l'Ampoule no 24, 2017
«In Venedig», publication dans la revue l'Ampoule hors-série n°2, 2017
«Circulaires», publication dans la revue l'Ampoule hors-série n°3, 2018
«Sūtra », publication dans la revue l'Ampoule hors-série n°4, 2018
«DATA », publication dans la revue l'Ampoule hors-série n°5, 2019
«Quelven », publication dans la revue l'Ampoule hors-série n°7, 2020
Créatures
«Connaissance du monde (par le moyen d'y parvenir)», Créatures no 3, 2015 (ISBN 9791092857078)
«JOURS», Créatures no 4, 2015 (ISBN 9791092857085)
Lichen - Revue de Poésie
«Idionia», «Ordre du mérite», Lichen no 7, 2016
«JOURS (huit extraits)», Lichen no 10, 2017
«JOURS (onze autres extraits)», Lichen no 11, 2017
«JOURS (sept autres extraits)», Lichen no 12, 2017
«JOURS (encore sept autres extraits)», Lichen n°13, 2017
«JOURS (encore d'autres extraits)», Lichen n°14, 2017
«JOURS (encore d'autres extraits)», Lichen n°15, 2017
«JOURS (encore six inédits)», Lichen n°16, 2017
«JOURS (encore sept inédits)», Lichen n°17, 2017
«JOURS (encore cinq inédits)», Lichen n°18, 2017
«Saint-Laurent», Lichen n°19, 2017
«JOURS (encore d'autres extraits de JOURS)», Lichen n°20, 2017
«JOURS (encore d'autres extraits de JOURS)», Lichen n°24, 2018
«Poesis 1», Lichen n°24, 2018
«JOURS (encore d'autres extraits de JOURS)», Lichen n°25, 2018
«JOURS (encore d'autres extraits de JOURS)», Lichen n°28, 2018
«JOURS (encore et toujours)», Lichen n°29, 2018
«Terminal 2D», Lichen n°38 2019
«Cantilène», Lichen n°39 2019
«Moins quinze», Lichen n°40 2019
Autres
«Déréliction», Décharge no 95, 1994
«Picasso», Inédit-Nouveau / Le Gril no 147, 2000
«Inflexions, 18 haïkus», Inédit-Nouveau / Le Gril no 183, 2004
«Exploding whale day», Le cahier du Baratin no 4, 2012
«Blaste confetti», Cohues no 14, 2014
«La barrière des espèces», Moebius no 145, 2015
«Psaume des psaumes» (extrait), Décharge no 168, 2015
«Ema (feuilleton bicolore)», Incandescentes no 1, 2016
«MUR», Méninge no 6, 2016 (ISSN 2274-1313)
«Recueil pratique de contre lettres-types à l’adresse du monde éditorial dans son ensemble, en vue de son édification par voie de pénitence» (extrait). Le Traversier no 18, 2016
«JOURS» (extraits), Ornata 3bis, 2016
«D'amour qu'il est question», publication sur le site Rue Saint Ambroise, 2016
«Recueil pratique de contre lettres-types à l’adresse du monde éditorial dans son ensemble, en vue de son édification par voie de pénitence» (extrait). Infusion, 2017
«None», Rue Saint Ambroise n°41, 2018
«Le Vin de Vénus», A poil ! Fanzine n°6, 2018
«TAMPAX, proëme», ''Pøst'' n°2, chapitre I, 2018
«On ne vit...», Les Impromptus n°2, collaboration avec l'artiste InsOlo, 2019
«De la nature des choses», A poil ! Fanzine n°8, 2020
Le vin de Vénus sélectionné pour le prix HORS CONCOURS 2021
Le vin de Vénus sélectionné pour le prix HORS CONCOURS 2021
FRANCE CULTURE, MAUVAIS GENRES PIERRE REPP
PODCAST / https://www.franceculture.fr/…/festival-dangouleme-2019-fut…
Imaginez : Pierre Repp sur France Culture... Mission accomplie.
Pierre Repp chroniqué par Hublots (Philippe Annocque)
https://hublots2.blogspot.com/2018/07/la-langue-ficourche.html?spref=fb
Pierre Repp Bégayer, exister, écrire, est un essai sur Pierre Repp en Lacan du terrain, tout en étant le récit de l'écriture d'un essai sur Pierre Repp, tout en étant un livre sur Le Golvan lui-même, Le Golvan écrivant sur Pierre Repp et Le Golvan écrivant sur Le Golvan qui peut-être, on ne sait jamais avec la langue, est Pierre Repp aussi ; sans pour tout cela cesser d'être un essai sur Pierre Repp, tout simplement et très agréablement un essai sur Pierre Repp. Vous me suivez ? Je n'ai pourtant la langue ficourche. La langue n'a pas besoin de moi pour être ficourche. Elle l'est par nature. Personnellement j'en suis persuadé, et ravi de voir Pierre Repp en révélateur. Essayez donc de dire quelque chose. Allez ! Vous voyez ? Vous avez dit autre chose.
Pierre Repp Bégayer, exister, écrire, est préfacé par Dany-Robert Dufour et publié aux éditions Sipayat.
18. Blog : L'écriture unie vers celles et ceux.
Nicolas Le Golvan, 18 (2017)
© Photo : https://www.facebook.com/N.Le.Golvan/
« Crier c'est être vivant. »
(p. 112)
18 est écrit comme un cri vain lancé dans le combiné aux sapeurs pompiers. 18 comme deux chiffres restants d'une année mutilée qui signe la fin de la Première Guerre mondiale et peut-être plus encore. 18, un indice temporel qui trouve refuge dans l'armistice que l'on célèbre tous les 11 novembre... dans un grand brouhaha qui tend à être de plus en plus inaudible.
Il s'agit du dernier roman de Nicolas Le Golvan, des éditions Sipayat, sorti en décembre 2017. Le format intrigue autant que le titre : un petit écrin carré, tel un journal de bord, transportable partout, même dans les tranchées, qui abrite une écriture franche, libre et incisive et les illustrations d'Armelle Le Golvan et de Pierre Larrouturou qui donnent le ton en demi-teinte. Du noir et blanc, du crayonné, pour esquisser une époque qui s'efface avec le temps, des traits qui restent pourtant. Des dessins aussi nostalgiques que beaux.
Plus qu'un récit de guerre, 18 est un questionnement sur l'identité et la mémoire de cet épisode marquant de l'Histoire. Que reste-t-il 100 ans plus tard ? 18 donne une réponse à vif et mutilée à cette question en en posant une série d'autres.
L'écriture, à la fois belle et tranchante, s'offre aux lecteurs comme une prose écorchée :
« À l'autre bout de la tranchée, l'eau creuse avec autant d'acharnement que les hommes, et je me surprends à espérer l'obscurité pour ne plus rien voir. » (p. 87)
« J'ai juste senti le dard d'acier gratter mon omoplate droite avant de se rétracter. À l'instar des véritables blessures, j'ai d'abord goûté ce temps infime de l'absence : il ne se serait donc rien passé... Et puis la douleur m'a rabattu, recroquevillé sur l'impossible : je suis blessé au fond de la tranchée. » (p. 107)
Des vers libres mais souillés, couchés sur le papier, salis de la mémoire des tranchées :
« Quelques chose me contraint à renaître tel que j'ai été ailleurs, moi qui ne voulais plus apparaître en nom propre dans aucune histoire. (...) Lorsque l'Histoire se raconte au plus intime, dans le creux de nos consciences, chacun dit "on", ce "on" béni qui nous efface et nous réchauffe, c'est notre vérité acquise au camp de la mémoire, mon remède aussi. » (p. 25)
« Plus tard, à la télé, on dira qu'une bande d'amateurs de la Première Guerre mondiale a poussé l'amour du détail jusqu'au fait divers. (...) Tous des combattants de l'absurde, mais en couleurs. » (p. 81)
Les personnages, pourtant nommés et bien définis, se définissent comme une masse informe de chair sur laquelle l'ennemi tire pour mettre fin à la guerre. Un paradoxe soulevé par ce récit à la fois pathétique et absurde où l'amitié semble être le sang vigoureux qui anime cette masse d'hommes.
Entre la mort et la vie il n'y a qu'un pas, il y a ce récit qui se donne comme une empreinte de plus de 1918 à décrypter en 2018.
Le G, par Le Pandémonium Littéraire.
"Le G" de K. von Gella (La P'tite Hélène)
Ce serait une histoire de lettres : le roman s'intitulerait Le G, l'auteur en serait le K., initiale il est vrai suivie du patronyme von Gella. Des lettres, il y en a plein de livre et elle sont brillamment assemblées pour fabriquer des mots qui eux-mêmes constituent des phrases plutôt très bien tournées avec un sens de la formule qui fait mouche et provoque un rire franc.
Ce serait un roman léger et drôle qui se déroulerait dans les hautes sphères du pouvoir, comme le laisse deviner la couverture signée Armelle Le Golvan. Le début de la quatrième de couverture donne le ton : "Voilà, le G a un amant et c'est la nation entière qui couche."Mais c'est surtout la dernière phrase qui interroge et suscite le désir d'ouvrir le livre : "Le G ou l'érotisation comme désinfectant." Il y aurait un secret à cacher, une rumeur à étouffer avant qu'elle n'explose en scandale médiatique.
Rassurez-vous, le roman ne parle pas de politique, même si finalement il ne parle que de ça : de la soif du pouvoir, de la fascination qu'il suscite, de ce qu'on est prêt à faire pour atteindre les sommets et y rester. Le vrai héros de ce roman n'est pas tant le G, figure tutélaire mythifiée, ridicule surtout par l'admiration illimitée et déraisonnable qu'il suscite, mais le capitaine Flandry, proche du G, homme ordinaire, pour ne pas dire anti-héros. On rit beaucoup des descriptions des états d'âme de Flandry, notamment par rapport à son orientation sexuelle pour le moins vacillante. Le récit de la rencontre avec sa femme (Brigitte, femme moderne) est tout simplement hilarant, quant à leur vie de couple elle est banalement médiocre (et ça aussi, ça peut faire rire... enfin surtout les célibataires!).
De K. Von Gella, on sait qu'il n'est pas fréquentable et qu'il est né en 2016. Malgré son jeune âge, il n'en est pas à son coup d'essai : il s'est déjà commis dans un premier roman, Luminol's band, inaugurant le genre du thriller pondéral et on peut le lire dans plusieurs revues (le dernier numéro de Squeeze mais aussi l'Ampoule 21 et 22). Il est par ailleurs l'auteur d'un drôle de "Recueil pratique de contre lettres-types à l'adresse du monde éditorial dans son ensemble, en vue de son édification par voie de pénitence"dont on a pu lire des extraits dans les revues l'Ampoule (H.S. n°1) et Le Traversier.
Quel que soient les éditeurs, K. affiche une belle constance, restant qui il est, et par les temps qui courent c'est peu dire que ça fait du bien de lire une littérature qui a du corps (le corps des lettres bien sûr mais l'autre aussi, le nôtre). On peut se procurer l'ouvrage là.
Marianne Desroziers chronique Daghailchiih sur son Pandémonium littéraire:
http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.fr/2017/07/daghailchiih-tu-rapporteras-ton-pere-le.html
Derrière ce titre imprononçable et ce sous-titre pour le moins intriguant se cache un beau pavé de 436 pages. Roman initiatique de la quête identitaire d'une jeune indien Navajo, David qui va essayer d'accomplir la dernière volonté de son père, sans que l'on sache si c'est vraiment cette phrase qu'il a voulu prononcer. L'action se déroule en 1938 en Arizona. David part à l'aventure et quitte sa réserve et les siens, son père, son grand-père, sa soeur (très beau personnage, tout en force et détermination) mais aussi son professeur qui lui a appris la culture des Blancs, pour faire ce qu'il faut afin d'accomplir le rituel traditionnel. En route, il rencontre plusieurs individus plus ou moins bien intentionnés, dont Lloyd, afro-américain avec qui il partage un sort plus ou moins similaire... et l'ambiguë Ide qui l'accueille chez elle et lui demande de lui apprendre sa langue, notant tout sur un cahier.
Ce roman se lit avec un vrai plaisir grâce à la plume alerte, précise et sensible de Le Golvan et il pose de passionnantes questions sur le rapport à nos racines, à notre langue, à nos rites et traditions ainsi que les dilemmes difficiles liés à l'acculturation et au syncrétisme. C'est aussi un roman sur l'Amérique, réelle et fantasmée.
Pour en savoir plus sur le livre et l'auteur, et commander le livre, rendez-vous sur le site des éditions Sipayat.
François Membre sur Daghailchiih.
http://www.bdtlivre.com/daghailchiih-rapporteras-a-perele-scalp-dhitler/
Daghailchiih, Tu rapporteras à ton pèrele scalp d’Hitler
14 mai 2017 François Membre CRITIQUES LIVRES
L’été 1938, David ou Schoolboy revient chez lui à Chinle, une réserve de l’Arizona. C’est là que, depuis la fin des guerres indiennes les Navajos/les Dineh sont parqués et attendent que le temps s’écoule. Le retour de David qui marque, depuis sa petite enfance, celui de la chaleur ne signifie pas pour lui un retour aux sources. Scolarisé chez les Blancs ou Teacher Abraham l’a pris en affection, le jeune garçon est écartelé entre ses deux cultures. Un conflit interne encore augmenté car, aux yeux de ceux de son peuple, il se sait incomplet Sa mère, morte lors de sa naissance, n’a pas expulsé tout le placenta, faisant de lui un être non fini : aucun nom indien ne lui a été donné à la naissance.
David, du haut de ses treize ou quatorze ans, revient chez lui. Comme à chaque fois, il va séjourner chez son grand-père qui tente –tant bien que mal– de maintenir des traditions ancestrales comme une poignée de sable qui s’échappe d’un main serrée. Signe des temps qui changent, son père, mal dans sa peau, a construit son identité indienne sur la base d’un western où le chef indien était incarné par un acteur japonais… Et le jour précis où David rentre chez lui, ce père pris de boisson court, nu, jusqu’à la ville en criant que les nazis sont en Amérique et qu’il faut les arrêter. Aidé par un ami, David ramène son père chez lui avant d’aller dormir chez son grand-père. Le lendemain, il retrouve son père frappé par une attaque. Transporté à l’hôpital des Blancs, il va plonger dans le coma mais, avant, il confie une mission à son fils : ramener le scalp d’Hitler qui, pour les Navajos s’appelle : Mustache Smeller ou Daghailchiih !
C’est malgré lui que le jeune garçon va se retrouver lancé dans une quête folle qui va l’amener à quitter la réserve et faire diverses rencontres qui vont le marquer de façon indélébile. Au fil des rencontres, David va vivre la guerre mais de l’intérieur, avec en germe les futurs camps de « concentration » pour les Japonais, avec la ségrégation, le mensonge et les haines nazies bien présentes sur le sol américain.
Un récit initiatique
Solidement documenté ce livre donne à voir au quotidien la vie difficile des Indiens dans la réserve et leur exploitation par les Blancs qui payent leur travail non pas en dollars mais en ligne de crédit chez les commerçants locaux. La fabrication d’un gigantesque tapis traditionnel par Little Warrior, la demi-sœur de David, est un exemple patent de la condition d’esclave où ils sont réduits. La dictature des femmes qui régissent le monde indien, le peyotl qui tire l’âme hors du corps et le laisse affaibli, les esprits qui hantent le moindre canyon, tout cela est décrit avec précision et contribue à la véracité d’un monde étranger à l’homme blanc.
Récit initiatique Daghailchiih, est écrit dans une langue superbe, fluide et harmonieuse. L’auteur, Nicolas Le Golvan, est professeur de français, mais il sait abandonner le formalisme académique pour donner un récit vivant et d’une grande densité. Tel qu’il est décrit, le périple de David est tout à la fois le récit d’un accouchement, celui d’un jeune garçon innocent qui découvre le monde et le chant funèbre d’un monde qui va s’engloutir dans la guerre et perdre ses repères traditionnels. Un livre fort qui pose la question cruciale de savoir qui l’on est et où l’on se sent le droit d’exister.